Habitat partagé « Le Fil »

Synthèse

Contexte

Un groupe d’habitants de Le Bono, représentant 6 foyers au départ, rassemblé autour de valeurs communes a imaginé à partir de 2010 un projet d’habitat groupé. La rédaction d’une charte à partir d’un texte fondateur, associant le vivre ensemble, le souci écologique et l’économie sociale et solidaire, a été le fil conducteur de la conception et réalisation du projet qui porte son nom : Le Fil.

Objectifs prioritaires

  • Concevoir un bâtiment le moins énergivore possible tant dans sa conception que dans le choix des matériaux
  • Favoriser la mixité sociale par différents types de logements en cohérence avec les situations familiales
  • Le batiment reste UN élément du projet collectif de vivre ensemble, il n’est pas une finalité

Démarches / Labels / Certifications

Aucune certification n’a été recherchée, seule la logique du respect des objectifs, des priorités et du budget ont guidé la maitrise d’ouvrage dans ses choix. Les indicateurs énergétiques sont issus de l’étude règlementaire RT 2012 logement collectif.

Facteurs de réussite

La rédaction d’une charte a permis de donner et de conserver le fil du projet global.

Concernant le bâtiment, le temps de réflexion et le travail avec l’architecte et les différents porteurs du projet ont été le garant de la bonne réalisation.

Difficultés rencontrés / Solutions apportées / Enseignements

Les difficultés rencontrés durant le projet sont de deux ordres, la gestion de l’humain et la gestion du projet physique.

  • La gestion de l’humain

Les porteurs du projet ont fait le choix de ne pas faire appel à une structure d’accompagnement (choix budgétaire). Avoir un médiateur, une personne qui porte un regard neutre sur le projet aurait permis peut-être de faciliter les choix ou tout au moins de soulager les porteurs du projet.

Le parcours de l’habitat partagé nécessite de disposer d’une multiplicité des compétences : juridiques, financières, techniques.  Si la compétence n’est pas disponible au sein du groupe, cela peut rapidement devnir un aspect chronophage.

L’appréhension et la gestion du risque : les porteurs du projet étant propriétaire, il a fallu que chacun vende son bien pour lancer le projet et accepter de se retrouver en location pour la durée des travaux.

L’habitat partagé étant méconnu et cassant les codes habituelles de la manière d’habiter, il a fallu beaucoup de temps, d’énergie et de pédagogie pour expliquer le projet et sa cohérence. Ce fut le cas en premier lieu avec l’aménageur pour permettre l’acquisition du terrain. Celui-c restait sur deux expériences d’habitats partagés qui n’avaient pas abouti, il a donc fallu démontrer le sérieux de ce projet.

  • La gestion du projet bâti

Une fois le terrain acquis, il a fallu aller très vite pour les démarches juridiques, financières puis les démarches ayant attrait au batiment avec le choix d’une maitrise d’oeuvre, d’un mode constructif… 

Le respect des normes incendies entre les logements et autres spécificités propres à l’habitat collectif a engendré quelques surcoûts en comparaison d’un habitat individuel et surtout quelques impossibilités techniques comme pour la centrale double flux commune.

L’arbitrage financier a conduit le groupe vers une part d’autoconstruction afin de respecter le budget alloué. L’isolation en ouate de cellulose, l’étanchéité à l’air, l’aménagement intérieur et la réalisation des car ports ont donc été réalisés par les co-propriétaires. La contre partie est le don de son temps personnel non négligeable. Le risque était réel d’arriver à un épuisement tel que le projet ne soit plus ressenti de manière positive mais contraignante.

Témoignages

« Si c’était à refaire, je le referais, c’est un projet porteur de sens, je suis fier de ce projet car c’est une mise en pratique de valeur que je porte, le seul regret ou point d’amélioration est de ne pas avoir pu élargir à 6 ou 7 familles du au problème de temporalité, à un moment donné, il y a un engagement à prendre, un terrain disponible… ». Un co-propriétaire.

Description

Mode constructif

Le mode constructif retenu est une ossature bois premettant l’intégration d’une isolation répartie en ouate de cellulose. L’ensemble repose sur une dalle sur terre plein.

Le bâtiment s’organise en deux blocs de logements qui sont reliés par une partie commune appelée Atrium. L’ensemble est composé d’un duplex, de deux logements au rez-de-chausée et d’un logement à l’étage. Une chambre d’amis comportant une salle de bain privative est mutualisée entre les co-propriétaire.

Organisation spatiale des logements ©Architecture Vivante

Enveloppe

Compositionépaisseur (cm)U (W/m2.K)
Solmousse Polyuréthane150,14
murs (ossature bois)ouate de cellulose / Fibre de bois22 / 2,20,13
ToitureOuate de cellulose / poutre I300,1
menuiseriesBois/Alu4/16/4 argonUw1,4
Coupe transversale de la paroi © Architecture Vivante

Systèmes

chauffageChaudière bois granulés – Ökofen PelletmatiP modulable de 12 à 25 Kw – Rendement 94,7%
La chaudière alimente des radiateurs à faible inertie
Poêle à bois dans l’atrium
 ECSPanneaux solaire + Chaudière à granulés en appoint
VentilationVMC simple flux hygro B dans chaque logement

Territoire et site

Urbanisme

Le projet répond au règlement de la ZAC (Zone d’Aménagement Concerté) qui lui même répond au règlement du POS en vigueur. Aucun problème n’a été rencontré pour satisfaire à ces règlements.

Le terrain a été concédé sous le statut auto-promoteur par l’aménageur EADM après explication et engagement des porteurs de projet. En effet, il a fallu argumenter le bien-fondé, le sérieux et la dynamique du projet car l’aménageur restait sur deux expériences d’habitat partagé non abouties.

Paysage

L’intégration du projet avec un bardage bois peut être complété par la végétalisation des toitures des abris de voiture.

Foncier

La parcelle fait 1000 m2 avec un droit à construire de 490m2.

La densité minimale demandée pour se terrain était de 3 logements, il y a eu 4 logements de conçus.

Bioclimatisme

Le terrain est idéal pour une approche bioclimatique puisque orienté au sud sans masque solaire. Une grande partie des ouvertures sont donc présentes sur cette façade sud. La forme architecturale simple permet une bonne compacité.

La partie commune « Atrium » est une serre bioclimatique, les apports solaires sont largement favorisés. Son orientation plein sud, et les parois isolées de part et d’autres et en toiture assurent le maintient d’une température convenable même en hiver. Un poêle à bois y a été ajouté mais plus pour le côté convivial.

Énergie / Climat

Besoins énergétiques

L’étude thermique a été réalisée par le bureau d’étude Ingénierie LE BAGOUSSE.

Elle a été réalisée en utilisant les logiciels IZUBA énergies et Pleiades-Comfie, 3.3.9.1. Mode de calcul utilisé : Th-BCE

La réglementation thermique appliquée est la RT 2012 pour les logements neufs collectifs dans la zone climatique H2-a, ce qui induit une consommation conventionnelle maximale plus élevée que pour le logement neuf individuel.

Consommation conventionnelle (kWhep/m2.an) RT 2012
Cep réf80,5
Cep66,3
dont chauffage48,2
dont ECS9,9
dont éclairage4,2
dont Auxiliaires de ventilation2,8
dont auxiliaires de distribution1,2
Besoins bioclimatique (en nombre de points, sans dimension)
Bbio ref66,2
Bbio62,9
Etanchéité à l’air
Q4 Pa-surf (m3/h.m2)<1
calculs de température d’été (Tic)
Pour le calcul des températures d’été (Tic), le logement a été découpé en 5 zones dont le calcul est conforme au regard de la référence.
Répartition annuelle des consommations conventionnelles d’énergie © Ingénierie LE BAGOUSSE
Répartition mensuelle des consommations conventionnelles d’énergie © Ingénierie LE BAGOUSSE

Usagers

La particularité du projet d’habitat partagé réside justement dans la communication et le partage des informations et des choix. L’ensemble du groupe a donc une forte connaissance du fonctionnement du bâtiment.

Eau

Economie et réutilisation de l’eau

Une cuve enterrée en béton d’une capacité de 20m3 permet de récupérer les eaux pluviales. Elle est équipée d’un filtre tourbillonnaire Wisy® permettant d’éliminer les impuretés jusqu’à 280 microns. La station de relevage automatisée permet l’alimentation des WC, des laves linges et des robinets extérieurs.

Gestion des eaux de pluie

La végétalisation des abris de voiture a été anticipée, elle permettra de participer à la gestion du flux des eaux de pluie.

Déchets

Cycle de vie du bâtiment

L’utilisation de matériaux bio-sourcés, le bois pour la strucure et la ouate de cellulose pour l’isolation, participe à la modération de l’impact environnemental du projet.

Confort / Santé

Qualité de l’air intérieur

La qualité de l’air intérieur est assurée essentiellement par le renouvellement de l’air par les VMC hygroréglables.

Bien être des occupants

Confort thermique

La gestion des surchauffes d’été est aisée puisque les parois vitrées sont essentiellement au sud, et il a suffit de prévoir des casquettes fixes pour limiter les apports durant l’été. Ces surchauffes auraient été plus difficiles à controler sur des parois à l’ouest et à l’est car le soleil est plus bas à l’horizon, la protection des vitrages est moins évidente et oblige l’utilisation de stores extérieurs réglables.

Eclairage

Eclairage naturel

La grande part de vitrage au sud nécéssaire à l’approche bioclimatique pour les apports solaires l’est tout autant pour l’apport en lumière naturelle. L’espace commun bénéficie grâce à sa paroi translucide d’un fort apport de lumière naturelle.

Entrée de l’atrium – © Photo Architecture Viante

Confort visuel

L’éclairage des parties communes est couplé à un détecteur de présence.

Nuisances sonores

Entre les locaux

Malgré une mise en oeuvre au delà de la règlementation en vigueur pour l’acoustique, il subsiste des bruits d’impacts légers entre le logement du rez-de-chaussée et celui de l’étage, mais qui restent tout à fait acceptables. Ces bruits d’impacts sont semble-t-il transférés de la dalle à l’ossature bois.

Social / Économie

Coût de construction

Corps d’étatMontant € HTRépartition (%)
Maçonnerie71 786,9113,12
Ossature Bois170 185,7231,10
Menuiseries extérieures46 225,538,45
Couverture zinc23 017,874,21
Etanchéité14 768,812,70
Isolation thermiqueAuto-construction 
Plâtrerie45 036,288,23
Menuiserie intérieureAuto-construction 
Plomberie Sanitaire16 2462,97
Chauffage Solaire / Bois50 286,529,19
Electricité21 823,933,99
Escalier3 741,910,68
Chappe carrelage24 574,394,49
Serrurerie11 1972,05
Récupération eau de pluie9 445,901,73
Baie + store Atrium8 381,641,53
Fourniture carports4 730,150,86
Achat matériaux pour auto construciton25 8004,71

Les 25 800 € comprennent, la peinture, le parquet, les menuiseries intérieures, la ouate de cellulose, les pare vapeurs et les tasseaux, les car-ports et les placards.

Lien social

L’organisation des logements se fait autour d’un espace de vie mutualisé, favorisant la rencontre et des moments de partage. L’entrée de chacun des logements se fait dans cette pièce commune appelée « Atrium ». Une chambre d’ami avec salle de bain est également mutualisée.

La volonté des porteurs du projet est également de se tourner vers l’extérieur, ne pas rester centrer que sur les personnes vivant au sien de l’habitat partagé. Ainsi, le « Fil » ouvre ses portes pour des visites organisées mais également pour la réception de manifestation comme un festival de musique chez l’habitant en février 2015 ou les habitants voisins ont pu participer. L’objectif est aussi de créer des relations externes grâce à la capacité d’accueil du bâtiment.

Entrée commune par l’atrium qui déssert ensuite chaque logement. © Le fil du Bono
Moment de convivialité avec des personnes extérieures. © Le fil du Bono

Chantier

Une part d’auto-construction notamment pour l’isolation avec la mise en place de la ouate de cellulose et la réalisation de l’étanchéité à l’air a demandé une coordination particulière. En effet, l’intervention de la maîtrise d’ouvrage dans la réalisation impose le respect des délais des autres corps de métier. La difficulté réside dans l’estimation du temps disponible et du temps nécessaire à la mise en oeuvre.

Le charpentier a accepté d’encadrer et de former les habitants dans la mise en oeuvre des car ports.

Gouvernance

Définition des besoins

Au départ une association a été créée pour avoir une forme juridique permettant les premières actions comme la réservation de la parcelle. Puis un statut de co-propriété avec son règlement a été choisi avec une gouvernance particulière puisque pour les prises de décision, c’est la recherche du compromis qui prédomine et non le rapport des surfaces de chacun des propriétaires. Ainsi chaque point est discuté et la rédaction de la charte au point de départ facilite grandement les décisions.

Mobilisation des acteurs en phase construction

Pour pouvoir rester en phase avec le budget prévisionnel, des arbitrages ont eu lieu et une partie des travaux réalisée en auto-construciton a été décidée avec une mobilisation des porteurs du projet. Une relation de partenariat a eu lieu pour l’encadrement de cette auto-construction avec le charpentier notamment qui a accepté d’accompagner la réalisation des car-ports.

Vie du bâtiment

La maintenance et les frais qui y sont ratachés sont à la charge de la co-propriété avec une ventilation en fonction des surfaces de chacun des logements.

Intervenants

Intervenants

Corps d’étatNom
MaçonnerieNEB 56
Ossature Bois / Menuiseries extérieuresEnvironnement Bois Construction
Couverture zincStéphane Beyssac
EtanchéitéDeniel
Isolation thermiqueAuto-construction
PlâtreriePlaf’Iso
Menuiserie intérieureAuto-construction
Plomberie SanitaireBerthy
Chauffage Solaire / BoisConseil Energie 56
ElectricitéLe Métour