Rénovation et extension du restaurant scolaire de Saint-Dolay

Synthèse

Contexte

Saint-Dolay est une commune rurale morbihannaise située à 12 kilomètres au sud de Redon. Au dernier recensement (2012), elle comptait près de 2 400 habitants. Elle est principalement influencée par les aires urbaines de Redon, Saint-Nazaire et Vannes.

Après un déclin démographique, la population communale est en augmentation depuis le début des années 2000 (+ 400 habitants). Le faible prix du foncier et la localisation géographique, proche des axes de communication reliant les bassins d’emploi, sont à l’origine de ce renouveau.

A la demande de parents et de l’inspecteur d’académie, l’école publique, fermée 20 ans auparavent faute d’effectif, est réouverte. Même si la commune disposait déjà d’une école privée, les enjeux de la réouverture de l’école publique sont forts puisqu’elle assure le maintien des familles à Saint-Dolay et contribue au renforcement des liens sociaux à un niveau local.

Le besoin de restructuration du restaurant scolaire était évident puisque sa capacité d’accueil était de 110 enfants, or 170 enfants étaient attendus pour les années à venir.

Situé à mi-chemin entre les deux écoles, à moins de 200 mètres de chacune d’elles, l’emplacement de la cantine existante était idéal. Dans un soucis de préservation du patrimoine, la maîtrise d’ouvrage a préféré rénover le bâtiment, qui date des années 1950, plutôt que de détruire et reconstruire. La commune était déjà propriétaire du terrain adjacent au bâtiment, ce qui lui a permis d’y accoler une extension.

Objectifs prioritaires

  • Réduction des nuisances sonores
  • Optimisation du mobilier
  • Performance thermique

Description

Mode constructif

La partie rénovée a conservé la structure et la façade de pierre. L’extension est en ossature bois (pin maritime) et est isolé par de la laine de verre.

La partie neuve est équipée de deux murs intérieurs en briques de terre crue, qui ne suffisent pas à maintenir l’équilibre structurel. Ils sont donc renforcés d’une armature en bois qui sert aussi à la fixation des éléments de mobilier, car les briques se rompent si elles sont percées.

L’armature en bois permet le maintien de la structure et la fixation des portes-manteaux ©RBBD

Enveloppe

Paroicompositionépaisseur (cm)U (W/m2.K)
Rénovation
Mur extérieur 1Mur pierre naturelle / laine de verre / plaque BA 1354 / 8 / 1,30,372
Mur extérieur 2 (sanitaires)Mur pierre naturelle / doublage thermique / plaque BA 1354 / 6 / 10,483
Mur extérieur 3 (cuisine)Mur pierre naturelle / laine de verre / plaque BA 1354  / 12 / 1,31,28
Plancher basPlancher béton / revêtement de sol20 / 13,003
Plancher hautLaine de verre / plâtre et polystyrène expansé20 / 3 0,250
Plancher haut extensionIsolation thermique / BA 15 / plafond acoustique30 / 3 / 40,147
Extension
Mur maçonné ITIenduit extérieur / brique / laine de verre / BA131 / 18 / 14 / 1,30,231
Mur ossature boisbardage extérieur / OSB / laine de verre + ossature bois / laine de verre / BA32 / 1 / 14 / 10 / 1,30,211
Paroi veluxisolant / BA1310 / 1,30,325
Mur chaufferuebrique / laine de verre / BA1318 / 14 / 1,30,245
Plafond extérieurOSB / laine de verre / faux plafond1 / 30 / 40,110
Plancher bas sur vide sanitairehourdis isolant / polystyrène expansé / chape / revêtement de sol20 / 6 / 4 / 10,183

Systèmes

ChauffageChaudière bois à granulés
Emission par cassette à rayonnement et radiateurs basse température
VentilationVentilation double-flux
Etanchéité du réseau classe A
Eau chaude sanitaireChaudière bois à granulés
ECS liée au chauffage

Le choix d’une chaudière à granulés de bois a été fait car le volume disponible était insuffisant pour une chaudière à plaquette, qui requiert quatre fois plus de place à puissance égale. 

La chaudière à granulés a été surdimensionnée pour pouvoir alimenter les logements sociaux à proximité lorsque ceux-ci seront rénovés.

Grâce à un système de domotique, le chauffage et la ventilation double-flux sont gérés à distance par un technicien de la commune.

Territoire et site

Mobilité

La localisation du restaurant permet aux enfants des deux écoles de s’y rendre à pied. L’accès depuis l’école privée (au nord) est sécurisé par l’aménagement de chemins piétons sur tout le trajet. Il ne contient qu’une traversée de route. Depuis l’école publique, les enfants doivent longer la route principale de la commune sur une centaine de mètres. Une zone de limitation de la vitesse automobile à 30 km/h a été créée en même temps que le réstaurant scolaire.

Afin de sécuriser et de favoriser les mobilités actives (marche à pied et vélo), le parking de la cantine a été supprimé, à l’exception de deux places réservées aux personnes à mobilité réduite et d’une aire de livraison. L’installation d’un garage à vélo couvert contribue aussi à la promotion de ce mode de déplacement.

Paysage

L’intégration paysagère de l’extension est facilitée par le bardage en bois, le toit plat et la faible hauteur du bâtiment.

Patrimoine

Dans un soucis de préservation du patrimoine architectural de la commune, le maître d’ouvrage a opté pour une rénovation de l’ancienne cantine plutôt que la déstruction et reconstruction du bâtiment. Toutes les façades en pierres ont été conservées.

Biodiversité

La conversion du parking en pelouse contribue à la réduction de la surface imperméabilisée et à la végétalisation du centre-bourg.

© Réseau Breton Bâtiment Durable

Énergie / Climat

Besoins énergétiques

Les consommations du bâtiment n’ont pas encore été mesurées avec précision. Le tableau ci-dessous présente les consommations théoriques calculées dans l’étude thermique RT2012.

Consommations conventionnelles d’énergie primaire (kWhep/m².an)
Extension
Cep64,4
Cep ref93,5
Rénovation
Cep122,9
Cep ref129,8
© Réseau Breton Bâtiment Durable – Répartition des consommations d’énergie primaire dans la partie neuve (gauche) et rénovée (droite)

Climat

Le projet privilégie les matériaux naturels, locaux, recyclables et recyclés. Tous les bois proviennent d’essences locales (ouest de la France) et sont issus de forêts éco-certifiées (label PEFC). L’ossature et le bardage de l’extension sont en pin maritime et les briques de terre crue viennent de Vendée.

Le maître d’ouvrage a souhaité utiliser un carrelage 100% recyclé, qu’il a dû importer d’Italie car il ne trouvait pas d’équivalent en France. Les artisans venus après la pose du carrelage n’ont pas réussi à éliminer les traces qu’ils avaient faites sur le carrelage. Après de multiples tentatives de nettoyage, le fabricant a finalement dû venir d’Italie pour laver le carrelage.

Mesure et évaluation

D’après le maître d’ouvrage la chaudière consommerait plus de granulés qu’indiqué, mais il est difficile de suivre précisément la consommation car la quantité de granulés de bois restant dans la fosse lors du remplissage est difficilement quantifiable. De plus, il faudrait réaliser les mesures sur un ou deux ans pour pouvoir lisser les résultats.

Eau

Economie et réutilisation de l’eau

Pour limiter les consommations d’eau, les sanitaires sont équipés de matériel hydro-économes : mousseurs et limitateurs de débit aux laves-mains, robinet temporisé, chasse d’eau double débit et sèche-main à air pulsé.

Assainissement

Le restaurant scolaire est relié au réseau d’assainissement communal, qui traite les eaux usées grâce à une station d’épuration à filtre planté de roseaux. Cette installation, réalisée en 2011 avec le soutien de l’association Bruded, est dimensionnée en anticipation de l’expansion communale des 20 années à venir.

Déchets

Déchet d’activité

Un composteur a été installé pour gérer les déchets de la cantine.

Une liaison chaude a été créée depuis la cantine d’une commune voisine. De cette manière, le restaurant scolaire peut s’affranchir d’une cuisine. Tous les matins, autant de repas sont livrés que d’enfants qui mangent à la cantine, cela limite le gaspillage alimentaire puisque tout ce qui est livré au restaurant scolaire est distribué aux enfants.

Confort / Santé

Qualité de l’air intérieur

Une attention particulière a été portée sur la qualité sanitaire des matériaux utilisés. Le bois utilisé pour l’ossature et le bardage de l’extension a été traité thermiquement en alternative aux bois exotiques et aux traitements chimiques. Ce chauffage du bois à plus de 10°C modifie ses propriétés, augmente sa stabilité dimensionnelle et le rend plus résistant aux champignons, aux moisissures, aux insectes xygophages. L’efficacité et le respect de l’environnement et de la santé humaine de ce procédé est reconnu par la certification CTB-P+. Les peintures, cloisons en plâtre et carrelage recyclé sont classés A ou A+ pour la qualité de l’air. Les faibles émissions des colles utilisées sont garanties par le label EC1 GEV-Emicode.

Equilibre hygrothermique

Les briques de terre crue confère un grand confort hygrothermique. Cepedant, celles-ci devenant poussièreuses lors du séchage, l’architecte et le maître d’ouvrage ont demandé au peintre d’y apposer une couche de vernis pour éliminer la poussière. Cette couche atténue les avantages hygrothermiques procurés par le matériau. De l’huile de lin aurait suffi à limiter l’empoussiérage sans altérer les performances des briques de terre crue.

© Réseau Breton Bâtiment Drable – Briques de terre crue vernies

Eclairage naturel

La préservation de la façade sud du bâtiment a empêché l’agrandissement des ouvertures. Pour pallier le manque de lumière, des puits de lumières ont été installés dans le plafond de la partie neuve et de la partie rénovée du bâtiment. L’extension, orientée nord, dispose d’une grande surface vitrée. La mise en place de vitres dans les cloisons séparants les différentes pièces permet la diffusion de la lumière naturelle, et augmente l’impression d’espace.

Ergonomie et accessibilité

Les chaises ont été sélectionnées pour être faciles à manipuler et à poser sur les tables afin de faciliter le nettoyage du sol.

© Réseau Breton Bâtiment Durable

Pour réduire le risque de toxi-infection alimentaire collective, le trajet de la livraison de nourriture doit être dissocié de celui qu’empruntent les enfants. Pour ce faire, le couloir ouvert de l’entrée sud a dû être modifié et une porte y a été installée.

Le restaurant scolaire est séparé en deux salles : la partie neuve destinée aux plus petits, et la partie rénovée pour les plus grands. Cette disposition réduit les nuisances sonores et facilite l’organisation du personnel éducatif. Les jeunes enfants se sentent aussi plus à l’aise lorsqu’ils sont séparés des plus grands.

Nuisances sonores

La gestion des nuisances sonores était un enjeu majeur de la restructuration du restaurant scolaire. Des coussins suspendus au plafond limitent la résonnance du bâtiment. Ceux-ci sont fabriqués à partir de textile recyclé, et sont facilement démontables et lavables. Dans la partie nord, où la hauteur de plafond ne permet pas la mise en place de ce système, ce sont des cylindres de mousse qui absorbent les vibrations.

En complément, les briques de terre crue et la tapisserie dont sont revêtus les murs contribuent à réduire le niveau sonore de la cantine.

© Réseau Breton Bâtiment Durable – Puits de lumière et coussins acoustiques

Social / Économie

Coût de construction

Montant des travaux : 500 500 € HT

Montant de l’opération globale : 588 500 € HT

Financement

Commune115 300 €
DETR180 000 €
CG 56180 000 €
Région (Eco-Faur²)100 000 €
ADEME13 200 €

Lien social

Le bâtiment est conçu pour être entièrement accessible aux personnes à mobilité réduite, ce qui a été contraignant pour les acteurs du projet. La première et la dernière marche des escaliers sont colorées en rouges pour prévenir les accidents, et cette couleur est réutilisée pour signaler l’entrée nord du bâtiment.

Une clause d’insertion sociale a été intégrée aux marchés de différents lots. En tout, 175 heures de travail ont été réalisées par des travailleurs en insertion, intégrés dans les équipes des entreprises. Cela n’a pas engendré de retard, et n’a pas été perçu comme une contrainte pour la maîtrise d’oeuvre.

Gouvernance

Définition des besoins

Afin de s’assurer que les convictions écologiques de la maîtrise d’ouvrage soit retranscrites dans le bâtiment, le projet a été réalisé avec l’aide du Conseil Energie Partagé (CEP) du Pays de Vannes et des associations BRUDED et AILE. Ces partenaires ont contraint l’architecte lors de l’appel d’offre, mais aussi dans la phase de conception. Le projet a également subi de multiples révisions pour qu’il convienne aux exigences requises par l’ADEME et la Région Bretagne pour l’attribution d’aides financières.

Une phase de concertation a été menée auprès du personnel du restaurant et du fournisseur de repas. Cela a permis d’identifier les points sur lesquels le projet était principalement attendu. Les préoccupations majeures qui sont ressorties de cette concertation sont la réduction des nuisances sonores, l’optimisation du mobilier et les performances thermiques.

Les familles des enfants scolarisés ont également été conviées à une réunion publique, mais faute de participation, elles ont été représentées par une commission « restaurant scolaire » tout au long du projet.

Mobilisation des acteurs en phase construction

L’entreprise de maçonnerie retenue n’avait jamais posé de brique de terre crue, les maçon ont donc été formés pendant le chantier.

Le garage a vélo en bois a été réalisé par un artisan implanté à Saint-Dolay.

Intervenants

LotEntreprise
ArchitecteThierry Burgaud – La Roche-Bernard (56)
PlomberieBoceno – La Roche-Bernard (56)
ElectricitéAndré De Decker – Saint-Avé (56)
CharpenteArt Du Toit – Québriac (35)
EtanchéitéEuro’étanche
Désamiantage et dépollutionTechly – Orvault (44)